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Pollution aux nitrates Dans l'Aisne, les bonnes pratiques agricoles ont amélioré la qualité de l'eau

Début octobre, l’Inra présentait les conclusions de 24 ans d'expérimentation sur le bassin d’alimentation en eau de Bruyères-et-Montbérault (Aisne). La mise en place des bonnes pratiques culturales a permis de réduire la teneur en nitrate des eaux de captage, de plus de 60 mg par litre dans les années 1990 à une valeur stabilisée autour de 50 mg par litre.

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En France, la majorité de l’eau potable provient d’eaux souterraines dont la contamination nitrique pose question à long terme. L’Inra a mis en place, depuis 24 ans, un dispositif expérimental autour du bassin d'alimentation en eau de Bruyères-et-Montbérault dans l’Aisne. Depuis 1970, l’eau de captage de ce bassin, situé sur un plateau de 187 hectares dont 137 en grandes cultures (blé, betterave, escourgeon, pois et colza), a connu une pollution nitrique croissante et régulière jusqu’à dépasser la norme de potabilité, soit 50 mg de nitrate par litre (N03/l). En 1989, l’Inra, les agriculteurs, le conseil municipal et la Chambre d’agriculture de l'Aisne ont lancé une démarche expérimentale en vue de réduire la teneur en nitrate des eaux de captage. « Les parcelles ont fait l’objet d’une mise en œuvre systématique de bonnes pratiques agricoles de gestion de l’azote par les agriculteurs, à savoir : le raisonnement de la fertilisation azotée grâce à l'outil d'aide à la décision Azobil et l’implantation de cultures intermédiaires pièges à nitrate (Cipan) en interculture. Il leur était également conseillé de laisser les repousses de la culture précédente et d’enfouir les pailles. »

retour au niveau de potabilité

La teneur en nitrate pondérée de l’eau de percolation atteint 44 mg/l sous la zone cultivée et 34 mg/l en intégrant l’apport des zones boisées du bassin, entre 1,5 et 2 fois moins qu’avant 1990. Quant à la teneur en nitrate des sources captées, elle a continué à augmenter en dépassant parfois 60 mg/l à la fin des années 90 puis a diminué. Aujourd'hui, cette valeur s’est stabilisée autour de 50 mg/l. Les données recueillies confirment l’existence d’une forte inertie temporelle liée au temps de transfert du nitrate dans l’aquifère qui se compte en décennies. Compte tenu de ce délai, les scientifiques attendent une amélioration des valeurs d’ici une trentaine d’années pour les eaux de sources.

aller plus loin pour améliorer la qualité de l'eau

« Les bonnes pratiques agricoles se basent sur des modifications de la conduite des cultures en système raisonné qui ont un meilleur rapport efficacité/coût que le traitement de l’eau ou le gel de terres. » Pour atteindre à la fois la potabilité et le bon état écologique des eaux de surface, la mise en œuvre généralisée et à long terme de ces bonnes pratiques est nécessaire, même si pas toujours suffisante suivant la sensibilité du milieu. Par ailleurs, il faut éviter les transferts de pollution vers l’atmosphère par l’émission de composés azotés (ammoniac, protoxyde d’azote). Pour ces deux raisons, il faudra modifier les systèmes de culture et optimiser leur localisation à l'échelle du bassin hydrologique. Des scenarii de mise en place de systèmes en agriculture biologique, de cultures pérennes pour la production de biomasse, de zones enherbées ou boisées sur un territoire donné sont à étudier.

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